Inhibiteurs de SGLT2 dans le diabète de type 2
Dans le diabète de type 2, les inhibiteurs de SGLT2 doublent le risque d’amputation des membres inférieurs par rapport aux agonistes du récepteur du GLP-1, selon une étude observationnelle publiée dans le « BMJ ».
Toutefois, cette publication vient contredire les conclusions de l’essai randomisé DECLARE-TIMI paru quelques jours auparavant dans le « New England Journal of Medicine ». Celui-ci ne retrouvait pas de surrisque d’amputation avec la dapagliflozine, un type d’inhibiteurs de SGLT2.
Un risque multiplié par deux d’acidocétose
« Les résultats des études observationnelles et randomisées sont discordants. Sur les trois grandes études randomisées prospectives réalisées [DECLARE-TIMI, CANVAS et EMPA-REG], seule l’étude CANVAS a retrouvé un surrisque d’amputation », indique au « Quotidien » le Pr Patrice Darmon, endocrinologue à Marseille, en commentaire de cette étude.
L’étude du « BMJ » a inclus 34 426 patients de plus de 35 ans entre 2013 et 2016, provenant de deux cohortes, une suédoise et une danoise. La moitié a été traitée par inhibiteurs de SGLT2 (61 % du dapagliflozine, 38 % de l’empagliflozine et 1 % du canagliflozine), l’autre moitié par agonistes du récepteur du GLP-1. Le suivi moyen était de 270 à 274 jours.
Le risque d’amputation du membre inférieur a été multiplié par 2,32 chez les patients ayant reçu des inhibiteurs du SGLT2 en comparaison à ceux ayant eu des agonistes du récepteur du GLP-1 (2,7 événements pour 1 000 personnes années contre 1,1). Le risque d’acidocétose diabétique a été multiplié par 2,14 (1,3 événement contre 0,6). Si le risque relatif est doublé, le risque absolu est toutefois faible. « Dans les deux groupes, il y a très peu d’événements », précise le Pr Darmon.
Aucune augmentation du risque n’a par ailleurs été observée pour les fractures de l’os, l’insuffisance rénale aiguë, les infections graves des voies urinaires, la thromboembolie veineuse et les pancréatites aiguës.
La prudence est de mise
« C’est un sujet sur lequel il est difficile de se faire une idée précise aujourd’hui, car les résultats sont trop discordants d’une étude à l’autre, reconnaît le Pr Darmon, qui appelle néanmoins à la prudence. Comme pour tous les médicaments, des effets secondaires existent et il faut les connaître. Mais au vu des résultats, ce potentiel surrisque ne semble pas contrecarrer les bénéfices de cette classe thérapeutique. »
Concernant le risque d’amputation des membres inférieurs, « nos résultats devraient conduire à insister davantage sur l’importance de conseiller les patients sur les soins préventifs des pieds », estime Peter Ueda, premier auteur de l’étude interrogé par le « Quotidien ».
Par ailleurs, « les patients à risque élevé d’amputation, ceux qui souffrent d’une maladie artérielle périphérique ou d’ulcères du pied notamment, pourraient être surveillés plus étroitement si des inhibiteurs de SGLT2 sont utilisés, et le risque de cet événement indésirable pourrait être pris en compte lors du choix du médicament à mettre en place », ajoute-t-il.
Alors que les inhibiteurs de SGLT2 ont une autorisation de mise sur le marché, la France fait partie des rares pays où ils ne sont pas à disposition des patients. Cette classe thérapeutique apparaît d’ailleurs comme une option de deuxième ligne dans les récentes recommandations européennes et américaines.
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